Ile aux mille souffrances,
Dans d’atroces contractions,
Tu accouches
Des soupirs désespérés d’âmes,
Par le dieu des hommes,
Abandonnées.
De sueur et de sang,
Ton sol vénéré
S’abreuve,
Avidement,
Une ultime fois,
Sous le regard
De mères éplorées
Aux pieds des rameaux de sainbois.
Sous le fardeau
De l’intolérance de l’homme,
Enchaîné à ton compagnon
De douleur,
La tête baissée,
La fierté arrachée à ton cœur,
Les lanières du fouet,
De ton blanc tortionnaire,
Lacèrent,
Mutilent,
Sans un rictus,
Ta peau aux reflets cuivrés.
Frères d’Afrique,
Au destin baillonné,
Par les brimades
Et le joug colonial,
Quittent, à jamais,
Leur terre bafouée,
Bercés
Par les mélopées ancestrales.
N’offrant que des ombres
Brisées et difformes
Comme dernière vision,
Le couloir sans lendemain
Se referme
Sur des cœurs tailladés
En partance
Pour un nouvel enfer.
KA'd